Travailler à Singapour...
Post qui n’a rien à voir avec comment trouver un job à Singapour. Mais alors RIEN.
Voici un extrait du contrat de travail d’une healthcare assistant dans une maison de retraite à Singapour.
Pour avoir ce job, l’employée -foreign worker of course- a dû payer plus de $2000 a un intermédiaire illégal.
1) She is required to work 10 hours per day for 6 days a week = 60 hours per week
2) Her basic pay shall be $ 213/- per month for 44 hours work week. She is required to work a standard overtime of 16 hours per week. Hence her gross salary after the standard overtime shall be approximately $ 325/- per month
3) She will be on probation for 3 months, and the company may extend her probation for another 2 months if her performance is not up to expectation or may terminate her during the probation.
4) She shall be entitled to one off-day per week, all Singapore gazetted Public Holidays, and vaction leave of 7 days per year for first year of service and 8 days per year for the second year of service. All off day shall be scheduled according to roster.
5 ) To stay in our staff-dormitory and obey all Company’s rules and regulations.
6 ) All staff have opted for the use of washing machine, which the company has provided. Therefore all employee is to pay $10/- per month for the use of washing machine
7 ) There is a saving scheme by employee, which is to set aside $50/- per month, up to $500. This amount is returned upon termination of service.
8 ) Staff are allowed to leave the premise only during off-days. Check out time is 9am and to return at 6pm sharp. Any special request is subject to management’s approval.
Je ne sais pas ce qui me tue le plus entre le salaire horaire, la quantité de travail à fournir (travail très pénible, je te laisse imaginer le concept du changeage de couche des 70 ans et plus) ou le “saving scheme” (immonde).
Dans les faits, elle doit encore payer sa bouffe, ce qui n’était pas prévu dans le “contrat”. Elle n’a finalement plus de “off-day” que quand elle travaille de nuit et après avoir travaillé toute la nuit, 10h de travail par nuit, 7 nuits sur 7, 70h par semaine donc. Presque inutile de préciser que les conditions de logement sont “sommaires”, pas de clim, pas de fan, pas d’intimité. Un dortoir avec des lits superposés.
Nous savons tous que la réussite de Singapour repose fortement sur les foreign workers. Nous savons tous aussi que leurs conditions de travail sont en dessous de tous les minimums décents. On le sait. Pourtant le voir écrit noir sur blanc m’a quand même fait un choc. (le cliché de l’expat dans sa prison dorée… je sais je sais, je n’y échapperai pas)
Je connais bien cette foreign worker, j’étais ravie d’apprendre qu’elle avait trouvé un job. J’étais totalement naïvement persuadée que health assistant in a nursing home était un bien meilleur job que “maid” dans une famille. L’agent (illégal toujours) avait promis que l’employeur offrait en plus une formation diplômante à ses employées, ça ouvrait de réelles perspectives… En fait rien de tout ça.
Je lui avais posée quelques questions sur le job et les conditions de travail mais je n’avais pas du poser les bonnes parce que j’avais tout imaginé sauf ça.
Payée 265$/mois, racket machine à laver et “saving scheme” (qui sert en fait à payer le billet d’avion de retour !) oblige, pour 70h de travail -de nuit- par semaine, sans bouffer à sa faim.
Putain non.
Ecoeurant. Bon courage à cette jeune femme que j’ai croisé, non ?
Calcul rapide … Environ 1.20 sgd de l’heure …
Comment la sortir de là ???
En effet, c’est immonde. Surtout que c’est tellement courant. Et ça me donne envie de jeter ça à la figure des arrogants et suffisants qui me vantent la magnifique réussite de cette ville (“on devrait prendre exemple pour la France”). Quelle fierté peut-on tirer d’une situation pareille ? Je ne vois pas …
Merci d’en parler.
Je souhaite beaucoup de courage à cette jeune femme. Ses conditions de vie et de travail sont intolérables, et c’est ahurissant de savoir que c’est monnaie courante ici!
J’espère qu’elle trouvera du soutien autour d’elle pour supporter cela. Ce qui n’est pas évident quand on est loin de son pays et de sa famille…
Je crois qu’il faudrait sortir du carcan mental du droit social à la française (que j’appelle le syndrome de Germinal). Cet exemple navrant qu’on nous soumet n’est en aucun cas une manifestation du droit social singapourien, qui n’existe pour ainsi dire pas, mais seulement un exemple de contrat de travail, certes léonin jusqu’à la nausée, mais qui ne s’impose à personne. Le principe contractuel en vigueur à Singapour est celui de la libre volonté des parties. S’il se trouve un employeur assez mou du bulbe pour pondre un contrat qui fleure bon le temps béni des colonies, et une employée assez désespère pour l’accepter, l’état singapourien n’a rien à venir y faire. De plus, il me semble bien que l’économie de Singapour doit faire face à un pénurie de main d’œuvre causée d’une part par la croissance économique et d’autre part par les mesures restrictives en matière de permis de travail prises récemment, qui imposent un niveau minimum de salaire assez élevé et empêche l’importation de main d’œuvre peu qualifiée. Ces divers éléments devraient avoir pour effet de pousser vers le haut les rémunérations te les conditions de travail proposées au personnel de ces Healthcare Centres, sous peine de ne pas être en mesure de trouver preneur pour ces postes peu gratifiants. L’impact inflatoire sur l’économie de Singapour est déjà flagrant, comme toutes ces mesures diverses qui sont de près ou de loin liées à l’insularité de Singapour et au fait que la cite-état est privée d’un hinterland que devrait constituer au premier chef la Malaisie voisine dont elle est séparée. La main d’œuvre peu qualifiée se renchérit, les Foreign Workers prennent de la place et exercent une pression écologique sur l’écosystème exigu de la petite ile. Les lave-autos automatiques sont de retour. De plus en plus de familles envisagent de se passer de Domestic Helper (y compris tous ces Occidentaux bien-pensants).