Beijing day two
Aujourd’hui dimanche 14 Octobre 2012.
Pour ce premier jour à Pékin, nous avons rendez-vous pour déjeuner chez des amis de Singapour qui ont déménagé il y a 2 ans. Les enfants sont surexcités de revoir leurs copines d’école parce que, je cite, ça fait trop longtemps qu’elles sont parties en vacances. Nous sommes réveillés assez tôt (normal) par les enfants en pleine crise de manque d’Ipad (normal bis). Ils jouent gentiment dans la pièce d’à côté une petite demi heure puis le ton commence à monter et il est temps de se lever. Georges propose d’aller nous acheter de quoi petit déjeuner dans un convenient store qu’on lui a indiqué la veille, je lui en suis reconnaissante et je le note pour m’en rappeler quand il va commencer à faire son chef (et à m’énerver).
Comme nous sommes prêts avant midi (presque sans crier), nous décidons d’aller faire une balade dans le quartier. Georges a peur que les enfants aient froid. Je pense de mon côté que ce n’est pas tous les jours que nous avons l’occasion d’avoir un peu “frais”. Je cède et j’espère qu’il s’en souviendra quand j’aurais envie d’avoir raison aussi. Finalement le temps est parfait, ciel bleu, une toute petite vingtaine de degrés. Moi qui croyait que le ciel était toujours gris à Pékin, je suis agréablement surprise.
Notre hôtel se situe à côté du Orchard Road local. Nous sommes dimanche mais c’est plutôt calme. Nous croisons beaucoup de regards amusés, nos trois enfants ont beaucoup de succès, je me demande si c’est la forme de leurs yeux ou le fait qu’ils soient trois qui amuse autant ? Je me demande au passage si la politique de l’enfant unique est toujours en vigueur ? (article intéressant dans Libé Ces jeunes Chinoises qui ne veulent plus de la politique de l’enfant unique). J’entends pas mal de raclements de gorge (bonne habitude que Little 2 adoptera rapidement génial), les gens crachent encore pas mal malgré les mesures gouvernementales mises en place pendant les JO (une amende pour les flagrant délit de crachat). On s’aventure dans une rue perpendiculaire, le trottoir est cabossé, c’est sale. Pas vraiment de choc architectural so far. Je note que le petit bonhomme vert aux feux ne signifie pas du tout que nous pouvons traverser sereinement. Vélos, mobylettes et même voitures continuent de passer sans chercher à éviter les piétons.
Nous hélons un taxi pour nous rendre chez nos amis, nous avons un papier avec leur adresse écrite en Chinois et en anglais ainsi que l’impression d’un petit plan du quartier. Nous montrons le papier au chauffeur de taxi qui semble perplexe mais il démarre quand même. 15 minutes plus tard il nous dépose en bas d’une sorte de condo. Après dix minutes à errer, nous nous apercevons que nous ne sommes pas au bon endroit. Nous remontons dans un autre taxi, même air perplexe du chauffeur. Impossible de communiquer avec lui, aucun chauffeur de taxi ne parle anglais. Cette incapacité à communiquer me rappelle le Japon. Pour la première fois de ma vie, je me dis que j’apprendrai bien un peu de Chinois.
Ce nouveau chauffeur de taxi s’énerve, les enfants mettent leur pieds sur les fauteuils et ça ne lui plait pas. Juliette est en pleine crise à l’arrière sur les genoux de son papa. Le chauffeur excédé s’arrête et me somme d’aller la calmer (a-t-il conscience qu’il brise la réputation kids friendly de toute une nation?). Georges prend ma place à l’avant du taxi, je gère la crise à coup de compotes et de gâteaux. Nous mettons des miettes partout, les kids s’essuient les pieds sur tout ce qu’il y a de blanc dans la voiture, j’ai mal au cœur, je transpire à grosse goutes dans mon sweat moumoute, l’aventure… Bon nous sommes perdus, le chauffeur de taxi n’a pas la moindre idée de l’endroit ou nous allons, il s’arrête et commence à se parler à lui même. Note pour plus tard, ne jamais faire confiance à un chauffeur de taxi, jamais. Nous prenons le joker coup-de-fil-à-Marguerite (la copine), on lui passe le chauffeur qui lui parle en Chinois, apparemment elle répond. Nous sommes infiniment admiratifs. Nous sommes sauvés et arrivons enfin à bon port. Je note d’apprendre le chinois dans ma prochaine vie et d’inscrire les Littles dans un tuition de mandarin asap, voire de les changer d’école pour une bilingue chinois anglais.
Nous passons un très bon moment chez nos amis. Ils aiment Pékin et s’y voient y rester encore 3-4 ans, c’est l’horizon temporel de l’expat anyway. Ils nous parlent du climat sec (!) et des saisons : très chaud en été et très froid en hiver. On évoque aussi la pollution qui fait “qu’on ne peut pas rester trop longtemps vivre en Chine”. Certains Chinois riches expatriaient même pour fuir la pollution. Il paraît qu’on a parfois l’impression de respirer du coton.La pollution est aussi dans l’eau, partout en somme.
La famille se déplace avec une sorte de rickshaw électrique. J’ai d’ailleurs été surprise de constater que l’immense majorité des deux-roues étaient ici électriques. Pourquoi n’est-ce pas le cas en Europe? Ça ferait un malheur chez les bobos parisiens automobile électrique rickshaw, je rajoute le concept à ma liste d’idées de business…
Pour la bouffe, il semble qu’on trouve de tout à condition d’aller dans “des magasins d’expats”. Il y a même du bon pain qui croustille (le sujet de prédilection du Français expatrié en pays tropical). Pour le reste, il faut préférer les produits importés et probablement fermer les yeux quand on a pas le choix. On parle aussi de la bouffe chinoise qui est paraît-il, toujours bonne. George en profite pour essayer de me re-convaincre qu’il n’y a aucune crainte à avoir. Je sais que mon rejet de cette nourriture est principalement basé sur la mauvaise image dont a souffert le pays suite à l’épisode des bébés morts empoisonnés par du lait en poudre contaminé à je ne sais plus quelle molécules dangereuses. Les reportages d’Envoyé Spécial sur les fabriques de nems clandestines dans les caves parisienne m’avait aussi à l’époque aussi pas mal dégoûtée. Une petite intoxication alimentaire post Din Thai Fung m’avait achevé il y a quelques années à Singapour. Georges insiste, il veut à tout prix faire manger du scorpion grillé aux enfants. Ok mais seulement du scorpion organic et importé alors…
Nous sommes aussi prévenus de certains trucs à éviter en Chine. Notamment ou plutôt avant tout, les toilettes publiques. Les Chinois n’ont semble-t-il pas le même rapport que nous face au sujet. Il n’y a parfois pas de mûrs pour séparer les latrines entre elles… On fait tout tous ensemble ! Tellement plus convival isn’t it. Benoît nous raconte que dans son ancien bureau, ses collègues fumaient en déféquant la porte ouverte. Glamour quand tu nous tiens. Et puis les bébés ne portent ici pas de couches, les mamans leur font faire pipi et caca – n’importe ou- à travers la fente de leur culotte réservée à cet effet. Les playgrounds sont ainsi parfois un peu pollués des petits paquets laissés par les enfants.
Après le déjeuner, les enfants restent jouer avec leurs copines tandis que nous partons avec Little 3 dans un grand clothing market juste à côté. C’est un des fameux marchés du faux. Nous sommes impressionnés par la quantité de marques copiées. Le marchandage est tout aussi impressionnant. Les prix se divisent pas cinq tout seuls et même plus. J’achète enfin le sweat Abercrombie promis à mon filleul. Little 3 a un succès fou, je la retrouve en train d’embrasser une vendeuse (la pauvre aura surement payé cher ce petit bisous baveux … ;). Nous échouons lamentablement sur la négo d’une barrette Hello Kitty. Il est temps de rentrer.
Nous passons récupérer les enfants et décidons d’aller dîner dans un mall à côté de notre hôtel. J’ai envie d’un truc simple et rapide pour qu’on puisse se coucher tôt. Le mall ressemble en tous points à ceux de Singapour, il y a exactement les mêmes boutiques que chez nous. On vote pour le mac do (je sais je sais). Little parfaite refuse de manger car elle n’aime rien, il n’y a rien à manger de bon-pour-la santé. Voici la preuve de l’efficacité du fait-ce-que-je-dis-pas-ce-que-je-fais sur les enfants. Je me félicite au passage. On passe donc rapide dans notre convenient store pour lui trouver un met à la hauteur de ses exigences.
De retour « chez nous » Little 2 me montre la sucette qu’il a glissée discrètement dans sa poche dans le magasin. Je suis estomaquée. A mon air, il devine la boulette et fond en larmes. Il réussit à m’expliquer entre deux sanglots qu’il m’a vue hocher la tête dans le magasin, il a cru qu’il pouvait prendre la sucette. Il n’arrive pas à se calmer et ses sanglots me brisent le cœur. J’ai beau lui dire que je l’aime très fort, que ça arrive à tout le monde de faire des erreurs et que ça n’est pas grave -du tout-, rien ne l’apaise, il est inconsolable et dévoré par les remords. Je me retiens de le consoler en lui offrant la sucette qu’il a volée. Sur une idée originale de Little parfaite, on décide de retourner demain au magasin pour expliquer le malentendu et payer la sucette, je vois d’ici le dialogue de sourds dans la boutique ou personne ne parle l’anglais évidemment. Au final on enterrera l’affaire bien profond, Little chéri mangera même sa sucette parce que je suis une mauvaise mère et lui un enfant parfait anyway.
Vers 21h toute le monde dort, je félicite Georges d’avoir réussi à coucher Little 3 avec ses frères et soeurs et pas dans note lit. C’est le end of day 2 (qu’on croit 😉
A suivre…
Bon à savoir, récap en vrac :
– Fin Octobre en Chine, le ciel est bleu et le temps plutôt sec, voire très très sec. Prévoir donc des crèmes type cold cream et tartiner les enfants matin et soir. Ne surtout pas oublier le stick à lèvre. 2 enfants sur 3 ont terminé le séjour avec les lèvres en sang.
– Prévoir aussi des vêtements chauds. Le soleil se couche vers 18h et le froid tombe en fin d’après-midi. Polaire + manteau s’imposent.
– Mieux vaut faire toutes les recherches Internet avant de partir, la Chine censure une grande partie de la toile – et n’oublie pas de dire au revoir à tous tes friends avant de partir, point d’accès à facebook en Chine.
– Traverser une rue sur un passage piéton quand le petit bonhomme est vert ne signifie nullement que les voitures/vélos/mobylettes vont te laisser passer. Rien compris au système des feux et des carrefours. On sent qu’il manque de bons vieux ingénieurs des Ponts et Chaussées.
– Dans les markets, ne pas hésiter à diviser les prix par cinq sauf pour les barrettes Hello Kitty qui sont à prix fixes.
– Éviter si possible les toilettes en dehors des hôtels/mall 5 étoiles (prévoir lingettes et PQ voire couches pour les enfants – toilettes turques la plupart du temps)
– Se préparer aux 11 sources d’agacements pour un étranger en Chine parce que c’est exactement ça.
j’adore, ENCORE !
bisous
Aaaaaaaahhhh… Ca me manquait un peu tes grandes histoires! Quel plaisir de lire ce que tu écris!
Un vrai régal, tu es bien lancée, j’ai rigolé avec la négo barrette et j’ai failli pleurer avec Victor. Vite la suite, demain hein?
Quel plaisir ! Merci pour le fou rire
En attendant la suite j’ai lu” les 11 sources d’agacements …” ça parait en effet hyper agaçant et même rédhibitoire d’ailleurs depuis le “Dans la Peau d’un Chinois ” de Marc Boulet je me suis fait exactement cette idée du Chinois moyen, il confirme!
Tout ça ne vaut pas tes récits et arrête de nous faire languir!
Ha les taxis pékinois, tellement bien vu !
Sinon je me sens la reine du monde en démarrant le VPN pour surfer sur les sites bloqués : Facebook, Twitter, la plate-forme blogspot…