La maid
Le sujet maid déchaîne en ce moment les passions. Le gouvernement Singapourien tente d’imposer le repos hebdomadaire obligatoire. Oui oui un jour off par semaine o-bli-ga-toire. Ca peut sembler incroyable vu du pays des RTT mais ici les FDWs (alias Foreign Domestic Workers) ont droit en théorie à un jour off par mois seulement.
Ce qui peut sembler encore plus incroyable est la levée de boucliers des Singapouriens à ce sujet. Scandaleux, impensable, dangereux, inconscient, … Les Singapouriens ne peuvent pas vivre sans leur(s) maid(s) le dimanche ça leur semble à peu près aussi difficile que de vivre sans électricité (et sans clim !) une journée par semaine. Ils ont aussi et surtout peur, très peur que leurs maids fassent de mauvaises rencontres et qu’elles se retrouvent enceintes ou sur le trottoir. Donner un jour off par semaine à sa maid équivaudrait à envoyer son ado de 13 ans en boîte de nuit tous les samedis soirs…
Avant de s’indigner devant ces réactions un peu extrêmes et pour mieux les comprendre, il me semble utile de préciser que contrairement à beaucoup d’entre nous, les Singapouriens vivent depuis leur plus tendre enfance avec des maids, ils vivent avec elles 24h sur 24, 7 jours sur 7 depuis toujours. Se passer de maid un jour par semaine est un changement profond pour eux. Il est surtout bêtement question de logistique. En fait les Singapouriens peuvent tout à fait vivre sans maid le dimanche, c’est juste qu’ils ne savent pas vivre sans elles. Après seulement 4 ans à Singapour, j’avoue, je ne sais plus vivre sans elle non plus. Sauf le dimanche et les jours fériés. Ouf. (et encore, il suffit que Georges soit en business trip et c’est l’angoisse… ). Et puis les Singapouriens sont nombreux à travailler le samedi et pour la majorité des commerçants, le dimanche aussi.
Par ailleurs, les Singapouriens embauchent le plus souvent des jeunes filles inexpérimentées. Cela leur coûte moins cher et cela permet aussi de les garder plus longtemps. Ces jeunes filles arrivent d’une autre planète, souvent de la misère du fin fond des Philippines, d’Indonésie, de Birmanie, du Sri Lanka, … elles sont ici dans l’unique but de gagner de l’argent. Jeunesse et misère forment malheureusement un cocktail dangereux. Ces dimanches en liberté représentent un réel risque de prostitution pour elles. Un policier Singapourien confiait récemment à une copine (qui avait eu des problèmes avec sa maid justement) que 50% des maids se prostituaient à Singapour. Chiffre invérifiable mais pas insensé quand on se promène le dimanche dans certains endroits de la ville. Il est aussi intéressant de noter que si la majorité des expats accordent à leurs employées les dimanches, ils leur interdisent quasiment tous de sortir le soir…
Il y a d’ailleurs un gros tabou autour de la sexualité des maids. Elles n’ont officiellement pas le droit de tomber enceinte et sont soumise à un test de grossesse tous les six mois. En cas de résultat positif, elles sont renvoyées chez elles illico. Il fut un temps ou l’employeur y perdait même une “caution” de 5000 dollars. Ceci complique encore plus le sujet.
Loin de moi l’envie de priver les maids de jour de repos bien au contraire mais je pense qu’il est important de situer le contexte pour mieux comprendre les réactions singapouriennes.
Les « westerns » : caucasiens, européens, français notamment, pensent souvent que les employeurs singapouriens sont des monstres et qu’ils maltraitent tous leurs maids alors que nous autres, caucasiens civilisés, sommes bien plus respectueux de leur dignité. Je suis convaincue que c’est faux.
Évidemment il y a des Singapouriens très méchants avec leur(s) maid(s), évidemment il y a des expats irréprochables avec la leur (dont je ne fais pas partie hein) mais l’inverse est aussi vrai et la situation est bien plus complexe qu’elle n’y parait. Je pense également qu’il y a une part d’esclavagiste en chacun de nous, toutes races et cultures confondues.
Les Singapouriens ont une conception différente du sujet maid. Ils intègrent une dimension « sociale » à leur mission d’employeur. Ils « forment » leurs maids à ce qu’ils considèrent leur “métier” et surtout leur sésame pour un avenir meilleur. Ils leurs imposent des règles strictes mais claires. Ils se sentent responsables d’elles (ce que nous sommes tous au regard de la loi Singapourienne). Ils les intègrent aussi (à leur manière) dans leur famille, ils questionnent leurs maids, connaissent leur vie, leur histoire, ils vivent avec elles. Leur attitude n’est pas malveillante, ils ont simplement une conception très différente de la notre aujourd’hui.
Nilu a travaillé pour une famille de chinois et une famille d’indiens avant nous. Elle n’avait qu’un jour de repos par mois et était payée une misère mais elle se considérait bien traitée. Elle avait un nombre limité de tâches quotidiennes et avait largement le temps de se reposer dans la journée. Jenalyn avait aussi travaillé pour plusieurs familles chinoises avant nous et continuait de leur rendre visite longtemps après les avoir quittés.
Les Singapouriens payent mal leurs employées et ne leur donnent quasi aucune liberté, leurs journées sont longues, mais ils ne les surchargent pas non plus de travail. Il y a bien souvent plusieurs employées par famille, les tâches sont partagées et les exigences limitées. Les maids ne sont certainement pas considérées comme l’égal des membres de la famille mais elles sont considérées quand même.
Alors que nous n’employons rarement plus d’une personne et lui demandons de tout faire. Et surtout surtout de le faire vite et bien. Nous attendons de la maid qu’elle soit efficace, organisée, qu’elle récure la salle de bain, fasse les lessives, le repassage, qu’elle prépare le bœuf bourguignon, achète du camembert à l’autre bout de la ville, le tout en emmenant tous les jours les enfants au playground. Je force volontairement le trait mais globalement c’est ça et même si c’est pas ce qu’on voulait, ça le devient doucement mais surement parce que ces filles sont soumises à l’infini et ne disent jamais non. Et très important nous voulons qu’elle reste discrète.
Notre niveau d’exigence est en croissance perpétuelle, il faut qu’elles prennent des initiatives, comprennent ce qu’on trouve inutile de leur expliquer, il faut qu’elles demandent aux enfants de ranger leur chambre tout en continuant de ranger la notre, il faut qu’elles gèrent lessives: chaud, froid, couleurs, main, tâches, pressing sans jamais se tromper, qu’elles cuisinent bien, équilibré, pas trop épicé et surtout varié… Un jour ou l’autre leurs petites manies nous énervent, leur téléphone qui sonne sans arrêt nous agace, leur fautes d’anglais nous crispent, leurs sautes d’humeur nous tapent sur les nerfs.
Et nous ne voulons surtout rien savoir de leurs états d’âme, nous ne voulons pas connaître leurs histoires, leurs enfants, la misère dans laquelle leur famille se débat… Nous sommes terriblement mal à l’aise et nous nous achetons une bonne conscience en leur donnant un salaire presque décent (le presque varie beaucoup d’une famille à l’autre et la décence est toute relative), un peu de liberté (genre elles ont le droit d’aller faire les courses toutes seules) et presque tous les dimanches, tout ça contre leur silence et leur discrétion. Nous ne leur offrons rien de plus.
Le message que j’ai envie de faire passer est que la critique est facile. Les bourreaux ne sont pas toujours ceux qu’on croit. Nous avons tous dépassé les limites au moins une fois, moi la première.
On peut s’amuser des réactions de certains singapouriens, on peut aussi rire de nous-même mais ce débat autour du dimanche pourrait aussi être l’occasion de se demander ce que nous autres, fervent défenseurs de l’égalité et des droits de l’homme, pourrions faire à notre toute petite échelle, pour améliorer les conditions de travail et de vie de notre propre maid ?
Le sujet me tient à cœur, notamment parce que j’ai le sentiment d’avoir dépassé les limites plus d’une fois, parce que j’ai trop souvent envie de filer un billet au lieu de m’asseoir et d’écouter, parce qu’après 4 ans et bien des erreurs, j’ai notamment appris que nous autres employeurs-expat-modèles avons souvent des exigences démesurées et n’avons pas suffisamment conscience des responsabilités qui nous incombent. Nous sommes responsables de ces filles, ce qui compte tenu de la situation implique bien plus qu’un salaire et des jours fériés. Adopter une approche plus humaine, intégrer une dimension sociale ou plutôt “développement durable” dans notre relation employeur employée, même si cela demande du temps, des efforts, de l’écoute de l’attention et beaucoup de patience… serait à mon sens un réel progrès.
Je ne veux lancer aucune polémique, juste une bouteille à la mer, un petit souffle…
Ils en parlent aussi Moi, maid à Singapour ; Les Singapouriens (très) divisés sur le jour off des maids ; Un ‘Maid’ problème à Singapour ?
J’aime, que dis-je, j’adore ton article!
Il remet un peu de perspective à la fois dans notre point de vue et le point de vue des singapouriens.
Ou comment tu as su mettre des mots sur des choses qu’on sent, qu’on devine, qu’on palpe, qu’on sait mais sans vraiment savoir… (comment ca c’est confus? )
Merci de me faire sentir moins coupable quand j’ai pas envie de m’asseor et d’écouter et pour tous les autres trucs ^^
Ton article tombe a pic, le sujet me travaille tellement en ce moment…
Qqc qui m’a frappe dans les reactions au fameux jour de conge: beaucoup de femmes disent ne pas pouvoir gerer toutes les taches menageres et les enfants le week-end sous peine d’epuisement et que ce n’est pas juste que le gvt les incite a faire des enfants pour les laisser “helpless” le dimanche avec toute la famille a gerer plus le menage (je raccourcis mais bon en gros c’est ca). Bref ce qui me frappe: ou est passe “Sir” dans tout ca?!?? (pas le tien, ni le mien en particulier mais le Sir de base, de moins de 50 ans, papa et mari) Le debut d’un vrai jour de repos pour la maid ne commencerait-il pas avec le “fxxxing” partage des taches le week-end?
Ouais … Mais le Sir se tuant à la tâche à son travail-de-sir toute la semaine, il n’a plus d’énergie pour le reste le week end. Alors que c’est connu un travail-de-ma’am c’est bien moins fatiguant.
Au boulot …
Excellent article, bravo! Et tellement d’accord avec le commentaire de M. Et les mecs, là dedans??? Y en-a-t-il beaucoup qui se posent les questions que tu te poses, qui se sentent coupables vis-à-vis de leur employée de maison, ou qui ont peur de se sentir débordé le dimanche, jour de repos de la maid??
Et si tu savais come toutes ces conversations paraissent hallucinantes quand on habite Singapour, que l’on a 4 jeunes enfants scolarisés dans le système local et donc tous les aprèm à la maison & une femme de ménage une fois par semaine !
Loin de moi l’idée de passer pour une super mumy mais au moins je suis loin de me noyer dans une verre d’eau… Non mais tu te rends compte elle veut sortir samedi soir avec sa soeur, je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée et tu ne sais pas ce qu’elle s’est achetée un shampoing qui coûte un bras et patati et patata…
Ca me fait toujours plaisir quand tu parles de Nilu, ça humanise un peu tout ça et c’est bien de monrer que l’on peut faire autrement !
La vérité madame Biz j’aimerais quand même bien savoir comment tu fais pour ne pas mourir d’épuisement avec tes 4 mecs (de moins de 6 ans c’est bien ça) ?
Brillante analyse, comme souvent 😉 C’est important d etre capable de remettre en perspective nos comportements et notre maniere de penser.
Bonne analyse d’une situation dans laquelle on tombe toujours un peu malgre nos bien belles convictions liberte-egalite-fraternite…
Tout a fait d’accord avec toi sur l'”hypocrisie” (peut etre pas le meilleur terme mais je n’en n’ai pas d’autre qui me vient a l’esprit) dont on fait parfois preuve dans notre situation de “Mam”… C’est quand meme pas glorieux et effectivement ca ne nous permet pas de nous la jouer donneurs de lecons… Qui n’a pas entendu:
– “Elle fait partie de la famille on l’amene avec nous en week end a Phuket/Bali/Krabi” = “Ca ferait ch… de devoir se lever pour les gosses le dimanche matin ou de ne pas pouvoir sortir tranquille…”
– “On l’amene en France cet ete les enfants ne peuvent pas s’en passer” = Oui oui bien sur, les enfants
– “Je lui donne tous les ans de quoi rhabilller son village” = “Je me debarrasse de toutes ses fringues dont je ne veux plus et que j’aurai trop honte de filer a qqun que je connais.”
– “Elle est trop contente je lui ai donne tous les echantillons d’hotel que Sir me ramene toutes les semaines” = “Je ne garde que ceux de l’Occitane de toutes facons” + “Je n’ai aucun probleme a contribuer a la pollution de pays en voie de developement en envoyant la-bas tous ces micro formats qui vont finir dans la nature…”
Tu en as d’autres dans le genre?
Sinon je suis evidemment souvent surprise par la facon dont *certains* Singapouriens (tous ne sont pas contre les dimanches off et comprennent tres bien que leur employee de maison ait besoin de se reposer comme tout le monde) reagissent aux choses de la vie… mais aussi par les histoires d’employeurs “comme nous” qui ne donnent pas assez a manger a leur maid…
Peut etre q’il est temps de relire Hegel et sa dialectique du maitre et de l’esclave
Très bon, en effet j’aime beaucoup les : on la gâte on l’emmène en vacances avec nous ou le coup des échantillons … Tellement vrai.
Bravo ma chérie! J’avais trouvé passionnants les articles et témoignages sur le sujet dans le Straits Times lors de notre séjour! Ton témoignage + analyse ont le mérite de remettre bien les pendules à l’heure chez tout le monde, Singapouriens et tous les autres!Il y a eu en France récemment beaucoup d’articles sur les nounous venues d’ailleurs, africaines, maghrébines, asiatiques à Paris, qui abordaient aussi le thème employeurs-employés, à la suite de la parution d’un livre -enquête sur le sujet (qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler The Help ,La Couleur des Sentiments,de Katryn Stockett). L’important c’est que chacune des deux parties y trouve son compte, en service d’un côté et en salaire et respect de l’autre. Tout un équilibre à trouver.
A propos de The Help, j’avais été frappée/choquée de voir que les maids des années 50’en pleine ségrégation aux Etats Unis était mieux traitées que les maids à Singapour en 2012. Ce bouquin est d’ailleurs bouleversant.
L’équilibre service / salaire-respect est difficilement atteignable quand l’une des parties, l’employeur ici a tous les droits, y compris celui de renvoyer sa maid au pays sans préavis. Les maids ne peuvent pas rester à Singapour en dehors d’un contrat de travail.
Plutôt que de se battre pour ce dimanche off, un peu plus de flexibilité du côté de l’employée faciliterait l’équilibre. Il faudrait que chaque partie puisse se désengager si elle ne trouve pas son équilibre.
Je serai curieux de connaitre le % de famille singapourienne qui ont une maid justement. Parle t’on juste d’une minorite? Avec un salaire moyen annuel par famille de ~40000 sgd, je vois mal une majorite des singapouriens avoir une maid a plein temps… C’est juste a propose des multiples references “aux” ou “les” singapouriens en general…
J’ai essaye de trouver la reponse sur le net, mais sans resultat….
Tres bon post sinon.
J’avais lu qque part 1 famille sur 7 mais je n’ai aucune idée de la validité de cette info. D’autant que la notion de famille ici peut être assez large, une maid peut se partager entre parents et grands-parents.
Je pense par ailleurs que les Singapouriens qui s’épanchent dans la presse locale sont ceux qui se sentent concernés donc des employeurs…
Effectivement la situation des maids n est pas au top. A mon niveau j essaye neanmoins d etre la mam la moins pire possible..par exemple:
– je boycotte les agences de maid qui leur prennent de 1 mois a pls mois de salaires pour un transfert de famille (qu ils se prennent une com sur l employeur ok mais pas sur l employee!!!). Le bouche a oreille marche tres bien pour recruter une maid et les papiers sont super faciles a faire
– il n y a pas d heure de debut ni de fin a son dimanche off. Perso ca me choque qd mes amis disent a leur maid de rentrer a 20h le dimanche soir…
– je n entre jamais ds sa chambre. C est son (minuscule malheureusement) espace prive
– je me suis promis de tjs lui donner des news plus tard de notre fils qd on n habitera plus a singap. Je trouve cela super triste qu elle perde tt contact avec les enfants des precedentes familles pour qui elle a travaille..
– elle est totalement free qd ns sommes en vacances
– de tps en tps elle prepare a diner pour ttes les autres maids du condo pour le cote convivial
– j essaye de la faire rentrer aussi longtemps que possible ds son pays pdt ses vacances (1mois cet ete..)
– le samedi j essaye de faire des activites ou elle peut aussi en profiter notemment pour voir ses copines (qui sont les maids de mes amis..)
– etc
Si vs avez d autres idees faciles a mettre en place a notre niveau je suis preneuse!
Merci!
J’aime beaucoup l’idée de partager les “bonnes pratiques”. Oui j’en ai plein et ça pourra faire l’objet d’un autre billet.
En attendant je suis preneuse aussi des idées de tout le monde !
Ton observation de la Ma’am expat est assez bien vue. Le niveau d’ exigence est particulierement eleve je trouve, d’ ou certaines qui changent de maid tous les 6 mois. Heureusement que j’ avais fait une annee de femme au foyer au Japon avec les deux loulous sans aucune aide, et donc une bonne idee de la charge de travail et du stress y afferant… je pense etre partie sur de bonnes bases et defini la priorite des priorite, s’ occuper des enfants quand je suis au travail… meme si les copines trouvent que decidement chez moi ce n’ est jamais vraiment propre ! 3 ans que nous employons Josephine et ca se passe bien. Nous avons de temps en temps une discussion en coeur a coeur qui me permet de savoir ou en sont ses enfants, son mari, sa maman, comment va son moral (et de toute facon, au bout d’ un moment ca se voit quand ca ne va pas bien, c’ est l’ avantage de bien la connaitre). Je ne pense pas etre l’ employeur parfaite (notamment parce qu’ on est des bordeliques terribles et que tous les deux on est hors de la maison 12h par jour en moyenne) mais j’ ai qq petits trucs a partager, qui a mon avis ont bien marche:
– chaque mois on mets 100$ de cote pour elle, en plus de son salaire : on lui donnera a son depart, pour financer un projet ou les etudes de ses enfants.
– on lui a achete un ordinateur, il est a elle, mais elle n’ a pas le droit de le revendre : elle est depuis en liaison avec ses amis et ses proches via skype et suit les informations sur CNN !
– un simple mot a Noel dernier accompagnant son cadeau : “Merci de nous permettre cette vie confortable et l’ assurance que les enfants sont biens avec vous”… et bien rien que ca elle avait la larme a l’ oeil, je ne m’ y attendais pas. A mediter pour savoir de quoi vous etes vraiment reconnaissant….
Une dimension a laquelle on ne pense pas toujours : la sante. Notamment pour les femmes agees de 40 ans et plus : si une maladie grave devait arriver, elle attendra longtemps avant de vous faire part de ses symptomes, de peur de perdre sa place. Une amie a perdue sa maid/nounou comme cela, d’ un cancer du col de l’ uterus foudroyant, elle avait 35 ans…. Il est imperatif d’ etablir la confiance sur ce sujet la et de reflechir a ce qui se passerait en cas de maladie grave…la renverrez vous dans son pays ?
Suis entièrement d’accord avec le mot de remerciement. Lui écrire à quel point ce qu’elle fait est important pour nous et à quel point ça nous change la vie, comme nous lui sommes reconnaissant de s’occuper si bien de la petite dernière, d’être si complice avec la première, si câline avec le petit prince… Mettre des mots et les lui dire ou écrire est aussi super important.
A chaque occasion (anniv, noel, CNY, coup de blues…) je lui écris aussi une petite carte et je redis notre gratitude, elle est souvent émue (et moi aussi
Le sujet de la santé est assez complexe en effet… dans un registre moins grave que le cancer, j’en profite pour rappeler que nous devons leur proposer d’aller chez le dentiste (et le payer) au moins une fois par an. Il faut refuser que le dentiste lui arrache les dents cariés. Les dentistes de NUH sont très bien et la consultation (avec soignage de carie) coûte 90 dollars.
Ah merci pour le rappel dentiste… j’avais zappe (enfin pas vraiment, on lui avait propose au debut, mais elle prefere y aller aux Philippines puisque c’est moins cher… mais quand meme je me demande si les soins ne seraient pas mieux ici).
Je me demande pourquoi on culpabilise autant la “Mam”, surtout expat, parce que quand on vient de l’ouest, il faudrait manifestement se comporter comme Soeur Emmanuelle. Une idée répandue, surtout entre expats (puisque dans les agences les maids souhaitent avant tout travailler pour les familles expats), est que la Mam venue d’Europe est un tyran, une mère Fouettard au pays du Merlion.
Cela fait 7 ans que je vis a Singapour et sur 8 maids, seulement 1 était une perle.
Les autres étaient toutes menteuses et irresponsables (photos de mon petiot avec les copines de la maid légèrement vêtues dans un appartement voisin, découvertes sur son Facebook – Ma fille a 2 ans lavée au Cif parce que ça permet de faire la baignoire en même temps – et la dernière en date la super-maid-parfaite qui fait le mur presque tous les soirs (un conseil quand on habite au ground-floor, il faut vérifier si la maid est dans sa chambre après 22h quand sa porte est fermée -ma petiote était malade, sinon je n’aurais jamais fait cela avant…-) et j’en passe! Enfin c’est l’avantage de ne pas bosser, on tombe sur ce qu’on ne voudrait pas voir.
A toutes mes maids je demande 3 choses: faire la vaisselle (des deux bibous, autant dire le minimum), repasser le linge de la famille, jouer avec mon fils qui n’est pas encore scolarise.
Je fais les machines, le ménage, je fais toujours les courses, je cuisine systématiquement, je suis toujours présente pour mes enfants et on emmène la maid en vacances pour qu’elle aussi puisse faire du bateau, monter a dos d’éléphant, profiter des buffets, et faire les visites avec nous.
Je peux résumer les choses ainsi : trop bon, trop con.
J’ajoute que la larme a l’oeil parce qu’elles sont loin de leur famille, les 3/4 du temps c’est du cinéma, il n’y a qu’a leur proposer de rentrer au pays pour les vacances, et, bizarrement, elles préfèrent rester ici…
Je sais que je ne suis pas une exception et que de nombreuses familles connaissent de gros déboires avec leurs employées: non pas parce que Mam n’a pas la mansuétude de Mireille Dumas, mais parce que les philippines qui gagnent 60 sgd dans leur pays et partagent souvent les taches avec d’autres compatriotes sous le même toit, trouvent dans les familles expat la vache a lait providentielle qu’elles vont faire culpabiliser d’un regard triste ou d’un appel a leur enfant reste au pays, et n’ont nulle intention de se tuer a la tache ni de faire plus que le minimum.
Enfin voila mon experience avec les maids, et je vous rassure, je ne suis pas un monstre, d’ailleurs aucune n’a connu le syndrome de Stockholm… 😉
Merci madame pour ce témoignage qui illustre merveilleusement bien mon propos. Il explique en outre à quel point la vie (réputée si facile) des ma’ams peut s’avérer dans la réalité vraie si difficile… 😉
Je précise …
Un des critères d’embauche le plus objectif qui soit est de choisir une fille qui a toujours terminé ses contrats, voire qui a travaillé de nombreuses années dans la même famille, c’est un gage de confiance. Une fille qui a changé de famille tous les ans et le signe d’un problème.
L’inverse est totalement valable, une ma’am qui a un nombre de maids à son actif supérieur au nombre d’années à Singapour est un signal d’alarme. La ma’am en question n’est pas forcément méchante ou folle, de même que la maid n’est pas forcément une « menteuse irresponsable », c’est juste qu’elle n’est pas une bonne ma’am. Et finalement être une bonne ma’am est au moins aussi difficile que d’être une bonne maid…
Il y a parfois un océan d’incompréhension entre la maid et la ma’am. Par exemple leur refus de rentrer dans leur pays pour des vacances est souvent interprété à tort comme un désintérêt total pour leur famille, un manque d’amour pour leurs enfants « qui ne leur manquent pas tant que ça »… alors que ça n’a RIEN mais alors rien à voir.
Un retour au pays leur coûte très cher. Elles doivent rapporter des cadeaux à tout le monde, donner de l’argent à toute la famille (au sens large), organiser une fête pour tout le village. Il leur est extrêmement difficile de rentrer sans cadeau et sans argent, ça serait mal interprété, ça relève du face losing suprême et ça c’est bien pire que de ne pas voir ses enfants. C’est culturel, c’est incompréhensible pour nous mais c’est comme ça et on ne le changera pas. L’erreur est de juger sans réfléchir et penser qu’elles préfèrent rester à Singapour.
Par ailleurs, elles préfèrent toujours bosser pour des expats non pas parce qu’ils culpabilisent d’exploiter leur misère ou qu’ils leur font faire des promenades à dos d’éléphant, mais car ce sont eux qui payent le mieux et qu’elles sont là dans le seul et l’unique but de gagner de l’argent no matter what…
Les histoires de photos de maids avec les enfants sur Facebook sont super courantes, je comprends que ça énerve et mieux vaut les prévenir si ça nous dérange, mais il est évident qu’elles n’ont jamais fait ça pour nuire à qui que ce soit.
Quant au dress code du dimanche souvent décolleté court et moulant, c’est la mode, leur style, leur manière de s’amuser, de plaire… Ca n’en fait pas toutes des prostituées pour autant.
Il y a beaucoup d’erreurs d’interprétations dues, en partie à la différence culturelle. Il serait intéressant de les lister une bonne fois pour toute. (A vos claviers !)
Enfin chère madame, je me permets une petite suggestion, pourquoi confier à une maid menteuse et irresponsable le soin de jouer avec votre enfant et garder pour vous le ménage et les lessives ?
Chère Olive,
Merci pour la chute de votre post. Grandiose.
L’expat (qui auparavant ne connaissait pas le luxe d’employer quelqu’un corvéable à merci) vit dans le fantasme de la super maid (qui aime vos enfants mieux que vous-mêmes, est une fée du logis, une chef(fe) étoilée Michelin et ne vous coûte pas 3 sous) et permet aux Mam’s de devenir enfin l’égal de leur mari n’ayant plus qu’à faire une demi risette aux enfants le soir avant leur coucher.
Mme Poupic, vous illustrez parfaitement les propos de l’auteur. L’exemple type de la western qui ne résonne pas mieux qu’une singapourienne en ce qui concerne les maids.
8 maids en 7 ans, y a comme un problème, non?
Rassurez vous, vous n’êtes pas la seule française dans ce cas, j’en ai malheuresement rencontré d’autres à Singapour
Un humble conseil, essayez juste d’instaurer un respect mutuel. (si vous traitez votre maid comme un enfant, elle a de grande chance de s’infantiliser..).
Enfin, parfois, il faut savoir ne pas insister, vous n’êtes peut-être pas faite pour avoir une maid.
Hello
Certes une journee de repos ne semble pas etre trop demander, d’autant que le choix de cette journee pourrait etre laisee a la discretion de l’employeur au cas ou la personne travaille le dimanche.
Cependant, il faut relativiser la situation des maids a Singapour, notamment l’aspect pecuniaire, pour les raisons suivantes:
– les maids viennent souvent de villages pauvres dans des pays non moins demunis, ou l’echelle de valeur estvradicalementbdifferente de celle de pays fortunes comme Singapour. Aux Philippines par exemple, 500$ SGD par mois equivaut au salaire d’un ingenieur. Ma maid, filipino elle aussi, m’a recemment dit que tout son village la jalousait car elle avait pu acheter une mobilette avec son argent gagne ici… Sans compter les vetements donnes qui font le bonheur de ses enfants. Nous devons comprendre que l’echelle de valeur est differente entre nos pays industrialises, Singapour inclus, et ces pays moins riches.
– les maids gagnent moins ici qu’a Hong Kong, mais le cout de la vie a Singapour est plus bas. Comme beaucoup de francais l’ont appris a leur depens, avoir beaucoup de jours de conges est une chose, pouvoir en profiter, partir en cacances, sortir, faire du sport, en est une autre, car encore faut-il en avoir les moyens… Je connais beaucop de nos compatriotes qui seraient ravis de pouvoir troquer leurs 35 h contre davantage de pouvoir d’achat, pour eux et leur famille. Enfin, ceci est un autre debat! Toujours est-il, a HK, les loisirs coutent terriblement chers, je doute donc qu’elles s’eclatent tous les week-ends. Celle qui sombrent dans la prostitution prefereraient certainement pouvoir faire davantage de menages en travaillant le dimanche.
– les maids sont nourries, logees, banchies: leur salaire est net de tout. Dans un sens, leur pouvoir d’achat est plus eleve que celui d’une maid en France payee au Smic qui aura a deduire son loyer, transport, nourriture etc. de plus, cet argent gagne a Singapour est rapatrie dans leur pays d’origine, ou le pouvoir d’achat est demultiplie…
Alors que les conditions de travail puissent etre ameliorees, sans aucun doute. Que les employeurs, expats ou locaux quinmaltraitent physiquement leurs maids soient severement punies, c’est evident. Mais sur le plan financier, comme dans tout secteur d’activite, il faut veiller a ce que les employeurs y trouvent leur compte, car sans cela, ils se passeront de leurs maids (comme chez nous), et ces pauvres femmes retourneront a leur sort dans leur pays.
Tout est donc une question de perspective, et notre approche occidentale est souvent biaisee et inadequate, il faut l’admettre.
Oui et en même temps les maids de Singapour sont parmi les moins bien payées au monde.
http://bp2.blogger.com/_XtsjYwdj2Ic/SHl71SzOPRI/AAAAAAAAAeU/y4E7R9VrZs0/s1600-h/maid_5.jpg
S’agissant du jour de repos vs coût de la vie. Les filles passent leurs semaines à travailler du matin au soir sans sortir (sauf pour aller faire les courses ou tâches du genre), le jour de repos ne leur sert pas à “faire des activités” mais simplement à sortir de leur “lieu de travail”, retrouver leurs soeurs, copines, cousines pour partager un repas, discuter, partager, échanger, rigoler. Quand on ne rentre pas chez soi tous les soirs et qu’on est privé de sa liberté d’aller et venir toute une semaine et même plus, pouvoir simplement sortir de la maison est presque vital.
Je pense aussi que bon nombre de maids à HK s’éclatent le dimanche, elles sont d’ailleurs citées en exemple dans le livre “le voyage d’hector ou la recherche du bonheur de François Lelord (que je conseille vivement : http://www.amazon.fr/Le-voyage-dHector-recherche-bonheur/dp/2738113974)
Bonjour,
Pour ce qui concerne les autres pays je n’ai aucune idée de ce que la maid doit déduire de son salaire, mais au Canada, l’employeur (c’est la loi) déduit du salaire contractuel de la live-in caregiver: l’Income Tax, le Canada Pension Plan, l’Employment Insurance. Puis, avec le reste, la live-in caregiver doit payer sa chambre chez l’employeur, le chauffage et ses repas.
Comparer est donc assez delicat…
Je suis littéralement affligé de lire un tel article… comment peut-on être aussi irresponsable et aveugle. Il s’agit bien là d’esclavagisme. Et excuser le système en place à Singapour ou dans d’autres pays par un contexte culturel ou tout autre argument de l’ordre du “ils ont une maid depuis tout petit” (ce qui est faux d’ailleurs) relève de la crétinerie ! Quant à cette empathie dégoulinante pour les Singapouriens qui travaillent dur… ils n’ont qu’à se bouger le cul et laver eux-mêmes leur voiture à 6h du matin, faire leur repas et passer l’aspirateur comme tout le monde. La fainéantise de ces gens ne peut justifier de traiter d’autres êtres humains ainsi. Comment peut-on ne pas comprendre cela ? Effectivement, il faut un peu de lucidité et d’humanité. Et apparemment ces deux qualités ne sont pas étrangères qu’aux Singapouriens.
Un petit conseil Olive : continue à écrire concernant ta vie d’expat et tes escapades sur les plages d’Asie, mais pitié, par respect pour les autres français ou ne serait-ce par amour-propre, arrête de tenir de tel propos. J’ai vraiment honte de te lire.
Mon propos n’est pas d’excuser le système en place mais de l’expliquer. Il me semble important de préciser le contexte pour comprendre la situation. Les maids font partie de la vie à Singapour depuis toujours, on ne peut pas demander aux Singapouriens de s’en passer du jour au lendemain. Les traiter de tous les noms ne va pas améliorer la situation … Chercher à comprendre, analyser, réfléchir à des solutions pour améliorer durablement les conditions de travail et aussi préparer au mieux l’avenir de ces filles est surement plus efficace que de s’indigner et traiter les singapouriens de fainéants (totalement gratuit et réducteur d’ailleurs).
En parlant de fainéants, imagine que la France instaure le travail le samedi, comme c’est le cas à Singapour, pour au choix : sauver le pays de la faillite, payer les retraites, relancer l’emploi. Je te laisse imaginer le soulèvement et le niveau des arguments dans la presse locale… Vu d’ici les Singapouriens pourraient s’imaginer que les français sont des gros fainéants pourris gâtés, inconscients voire crétins …
Je suis en ligne sur le fond avec Mathieu (même si le ton de son commentaire n’a pas besoin d’être aussi cassant).
On peut essayer de comprendre les différences de culture et faire du relativisme, mais il faut tout de même à un moment, clairement positionner des limites “humanistes”. La condition de la majorité des maids à Singapour n’est pas acceptable, et il faut combattre ce fait. Pour cela, deux solutions: ne pas avoir de maid, ou en avoir une et être irréprochable (ce qui inclut également combattre au jour le jour “[la] part d’esclavagistes en chacun de nous”).
Bonjour,
je suis assez d’accord avec Mathieu et complètement avec Arnaud mais ma question est simple:
Comment peut-on avoir une maid et être irréprochable?!?
Avoir une maid c’est pratiquer l’esclavage des temps modernes non?
Les deux sont donc incompatibles!… non?
Olive, ton article est très intéressant et le témoignage de Nilu très émouvant mais pourquoi as-tu une maid ?
vraiment j’aimerai comprendre car je ne sais que penser…moi qui voulais en embaucher une il y a encore quelques heures….
J’ai une helper parce que j’ai 3 enfants en bas âge et que ça rend la vie un million de fois plus facile. Je ne la traite pas comme une esclave, je ne la retiens pas contre son gré, je l’écoute, je l’aide à construire “un après”, elle prend des cours, je l’aide à faire ses devoirs… Elle ne fait pas tout à la maison, nous avons aussi une femme de ménage et chacun donne un coup de main.
Je dois reconnaître que ça m’a pris un peu de temps pour en arriver là, il m’a fallu me battre un peu, contre moi-même 😉 et aussi contre le reste du monde.
A propos d’esclavage des temps moderne, je vous recommande la lecture de ce livre http://livre.fnac.com/a3730785/Catherine-Ibos-Qui-gardera-nos-enfants-les-nounous-et-les-meres-une-enquete-sociologique