Preschool Day 1
La tant redoutée entrée en crèche est finalement arrivée …
S’il est un endroit où je n’aurais jamais pu travailler, c’est bien dans une crèche ou pire dans une école maternelle.
Je déteste, que dis-je, je ne supporte pas de voir mes enfants pleurer alors que je les abandonne laisse quelque part sans moi. Ça me provoque des crises d’angoisse terribles et surtout un afflux totalement incontrôlable de larmes. Même pour les enfants des autres, ça me fend le cœur, c’est dire…
C’est donc totalement sereine, ou presque que j’ai vécu -pour la troisième fois de ma vie- la fameuse épreuve de la rentrée en crèche.
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En route et en famille !
Je n’aime pas particulièrement l’idée de la collectivité et des contraintes qu’elle impose aux tout-petits (Little 3 n’a que 19-mois-22-jours-5-heures-et-3-minutes, un nouveau-né donc). Je sais aussi que cette rentrée signifie le début d’une longue série de rhume-gastro-rhume-varicelle-rhumes-bronchite-rhume et j’en passe. Même à Singapour les petits tombent malades et même en 2011, les bébés enrhumés ne dorment toujours pas la nuit. God mais que fait la science?
Ceci dit, je suis consciente que le tête-à-tête avec la biiip à ses limites. Je sais aussi que la collectivité fait progresser les enfants sur beaucoup de points et notamment notre point noir faible : le sommeil.
Il y a à 5 minutes à pied de la maison une petite pre school. Je l’avais visitée il y a plusieurs mois, j’avais bien aimé le speech de la directrice sur la période d’adaptation très en douceur et avais fini par la supplier de prendre ma fille avant 2015.
Le jour J est finalement arrivé et même si je n’arrivais plus trop à comprendre pourquoi et comment j’en étais arrivée à supplier qui que ce soit pour revivre ce cauchemar, il a bien fallu y aller…
8h30, départ de la maison, à pied sans la poussette histoire tripler le temps de trajet.
8h45 : arrivée à l’école, en nage. Le stress et leclimat tropical ne font pas bon ménage, crois moi …
8h47 : double face losing, ça y’est je pleure, mais pas ma fille !?
J’ai eu droit à la question classique « why are you crying ? » euh à ton avis con*sse ? Heureusement la directrice a décrété que c’était normal de pleurer parce que c’était ma « last child ». Oui c’est ça pour les autres je pleurais dans la voiture 😉
Comme convenu lors de ma première visite, j’ai pu rester dans un coin de la classe toute la matinée à observer en reniflant, à moins que ce ne soit l’inverse. Little 3 est la plus jeune de son groupe mais n’a pas semblé perturbée par ce nouvel environnement du tout.
Les maîtresses n’ont pas arrêté de me dire « look how independant she is ! ». C’est vrai que je n’avais jamais eu l’occasion de voir à quel point ma petite fille pourtant si fusionnelle était aussi sûre d’elle, confiante et complètement à l’aise malgré la nouveauté.
Hé hé grâce à quoi tout ça ? Mais au maternage intensif bien sûr ! Grâce à 17 mois d’allaitement, au cododo, aux pleurs auxquels j’ai toujours répondus, etc…. Oui madame, enfin monsieur (suivez-mon-regard), le maternage n’a pas rendu cette petite totalement introvertie et dépendante de sa môman, comme c’était prédit . Cette enfant est au contraire une toute petite montagne de confiance en elle qui puise son assurance dans tout l’amour qu’elle a reçu jour et nuit …
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La petite montagne en uniforme. (OK chef je retirerai cette photo dans quelques jours).
Pour le second jour, c’est la biiip qui devait passer la matinée avec elle et ô miracle, au moment de dire au revoir, la petite chérie est partie sans se retourner. A midi, elle avait passé une super matinée sans montrer aucun signe d’angoisse. Les 3ème et 4ème jours ont été un peu plus difficiles mais rien d’anormal ni d’insurmontable.
Une page se tourne … la crèche : ça c’est fait !
Bon et la crèche à Singapour, ça se passe comment?
Il existe ici pléthore de daycare, kindergarden, preschool etc… Pour faire simple, je les appellerai « petites écoles ». Certaines accueillent les enfants dès 2 mois (day care) d’autres à partir de 18 mois (preschool, kindergarden). Elles prennent le plus souvent les enfants jusqu’à 7 ans, âge de l’entrée à l’école primaire Singapourienne. Chacune propose des half-day programs et des full-day programs. On peut choisir d’y inscrire son enfant à partir de 3 demi-journées par semaine jusqu’à un plein temps 12h par jour. C’est à la carte. Évidemment ça coûte un bras (voire un rein pour les plus chics 😉 ).
Pour les petites écoles qui suivent le calendrier Singapourien, notez que la rentrée scolaire est en Janvier et que les grandes vacances sont en Novembre et Décembre (le calendrier officiel se trouve ici). Pas mal d’écoles proposent des programmes aussi pendant les vacances et certaines (celles qui ont le label day care et accueillent les bébés) ne ferment que quelques jours par an. À noter, certaines, probablement les meilleures, ont des listes d’attente.
Au niveau des infrastructures, il y a de tout et le prix n’est pas toujours corrélé à l’environnement. Certaines écoles sont installées dans une maison d’habitation (re)aménagée en école et les salles de classes n’ont pas de fenêtre. D’autres disposent d’un grand bâtiment bien fichu mais pas super bien entretenu. On en trouve aussi dans des malls. Le jardin se résume parfois à une simple cour bétonnée tandis que d’autres n’ont même pas de cour extérieure. Ça surprend au début et puis, c’est comme tout, après quelques années ici, ça ne choque même plus. En ce qui me concerne, les fenêtres et le jardin restent un critère discriminant. Souvent c’est assez vieux et un peu sale, bon là j’avoue je ne regarde plus vraiment.
D’un point de vue hyper pratique, beaucoup d’écoles offrent un service de school bus dès 2 ans, voire 18 mois. Au début ça rebute et quand on voit à quel point les enfants adorent le school bus, on cède à la tentation du bus le coeur léger (et le carnet de chèque en bandoulière 😉 ).
Un aspect important et souvent crispant concerne la bouffe. La journée commence toujours par un breakfast. Un grand moment de gastronomie locale avec au menu un verre de Milo (boisson numéro 1 à Singapour à base de chocolat et d’imitation de lait) et selon l’humeur du jour, un sandwich au fromage, des œufs brouillés, des crackers … Ça semble incroyable quand on arrive de France mais ici c’est malheureusement partout pareil. Moins d’une heure plus tard c’est le snack et là on repousse les limites du raisonnable avec, dans l’école de Little 3 par exemple : une tartine de Nutella (!) et des … chips (d’algues séchées). Enfin, vers 11h moins le quart c’est l’heure du lunch avec un bol de chicken noodles ou de fried Rice (en alternance). Incroyable mais vrai, quelques quartiers de pommes ou de pastèques peuvent parfois être distribués en dessert, les healthy days.
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Yummy le milo..
Ça change doucement, il y a 3 ans, les enfants de 18 mois attaquaient la journée avec des tartines de beurre de cacahuètes… Aujourd’hui on aperçoit de plus en plus de légumes et de fruits dans les repas. Mais il y a aussi encore et toujours des tartines de pain de mie blanc à tous les snacks, des crackers pour un oui ou pour un nom, du Milo et du Ribena en open bar et du chicken à tous les repas…
Le bon côté, les enfants mangent tout seul, sans bavoir et peuvent en s’en mettre partout sans que ça ne choque ou n’inquiète personne, ça c’est sympa 😉
Autre habitude locale et parfois déconcertante quand on débarque à Singapour, les enfants prennent une douche à l’école. Dans la preschool de Little 1 et 2, c’était après le repas, quand ils étaient repeint au chicken rice (no bavoir policy oblige). Dans celle de Little 3, c’est à chaque changement de couche. Il n’y a d’ailleurs ni lingette, ni table à langer. Les enfants font la queue, tout nu devant la douche et passe sous le jet les uns après les autres. Ils semblent tous adorer ça.
En dehors des nombreux repas et de la douche, il y a des “cours”. C’est là que ça varie énormément d’une école à l’autre.
Beaucoup d’écoles offrent un programme bilingue Singlish Mandarin. J’insiste sur le Singlish qui est finalement assez éloigné du British tant en termes d’accent que de grammaire. C’est la fête des so late already, can can, cannot, also can, last time et autres more bigger 😉 Généralement les maîtresses de Mandarin ne parlent pas anglais, les profs se parlent donc entre eux en chinois. Tout ça donne un joyeux mélange. Pas mal de parents se demandent si leurs enfants vont réellement apprendre le mandarin dans ces écoles. D’après mon expérience, ça dépend vraiment des enfants et des profs. Si l’enfant s’attache à la maîtresse chinoise, il va apprendre beaucoup plus vite. Après quelques mois, la plupart des enfants comprennent bien. Assez peu parlent spontanément.
Ces petites écoles appliquent différentes pédagogies, il y a beaucoup de Montessori qui n’ont d’ailleurs pas toujours grand chose de Montessori. C’est assez difficile de s’y retrouver et rien de mieux que le bouche à oreille pour choisir parmi toutes les écoles du quartier. Les enfants sont souvent en petits groupes. Selon l’âge, le ratio varie entre 1 maîtresse pour 3 à 1 pour 12. Notez aussi que les profs de ces petites écoles sont très mal payés et que le turn over est énorme.
Little 1 et 2 étaient dans une toute petite Montessori bordélique avec une ambiance super familiale. Les enfants étaient tous un peu mélangés et avaient toujours le choix entre 2, voire 3 activités différentes. Ils adoraient les “temps Montessori” ou ils pouvaient choisir eux-même leur petit plateau d’activité. Les derniers échos que j’ai de cette école ne sont pas très positifs alors je ne vais pas lui faire de pub ici. À Singapour, tout change très vite ! Et puis le choix de l’école est aussi très personnel. J’aime l’idée de laisser les enfants jouer pour apprendre, j’aime qu’ils soient maternés et le joyeux bordel ne me dérange absolument pas. Pour d’autres, le cadre est très important et l’apprentissage doit se faire de manière plus académique.
Dans la petite école de Little 3, on est malheureusement très très loin du play-based concept. Les enfants sont ici pour apprendre en apprenant et pas particulièrement en s’amusant. Ils enchaînent donc le mandarin, le chant, l’anglais, les maths (!) et le sport. C’est la méthode Singapourienne. Évidemment ça reste hyper basique : au lieu de colorier des animaux, les enfants colorient des carrés et des triangles (pour apprendre la géométrie évidemment ;-)), ils sont assez souvent assis autour d’une table à écouter la maîtresse et il y a finalement assez peu de moment de jeux non guidés. J’ai néanmoins eu beaucoup de feed backs de mamans contentes de cette école. D’ailleurs les retours sont assez unanimes. L’école est très bien jusqu’à 3 ans, après soit on adhère au système singapourien, très « académique » basé sur la compétition et les devoirs à la maison (qui commencent dès 3 ans), soit on met son enfant dans une école internationale.
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En même temps, elle n’est pas trop brimée à la maison…
Bon jusqu’à 3 ans donc. En attendant il semblerait qu’il y a aussi des matinées de jeux : water play notamment. Il y a aussi une grande cour de récré avec des tricycles et même un bac à sable. Le water play est un classique ici qui consiste à laisser les enfants jouer avec une grande bassine remplie d’eau. Les plus grands ont droit au tuyau d’arrosage. C’est simple et très efficace. Vive le climat singapourien 😉
Pour finir sur une note rassurante. Les Singapouriens adorent les petits et peu importe l’école et la pédagogie, les enfants sont toujours respectés. Ici on ne crie pas et on ne laisse pas pleurer un enfant dans un coin. Même si je ne suis pas une grande fan de la pédagogie de l’école de Little 3, pour l’avoir vu de mes propres yeux, les toddlers (c’est comme ça qu’on appelle les 18 mois – 3 ans) semblent épanouis, les maîtresses sont douces et ne forcent aucun enfant à participer aux activités. En même temps s’ils ne veulent pas, il n’y a pas d’autre option que de buller dans un coin… Pour son premier jour, Little 3 a pas mal bullé et s’est baladée dans l’école, les maîtresses ont insisté pour la laisser faire ce qu’elle voulait et aller ou elle voulait aller. J’ai vu peu d’enfants pleurer, sauf un tout petit et ce dernier n’a pas quitté les bras de sa maîtresse.
Le choix de l’école est aussi le fruit de compromis. On verra à l’usage. Dans tous les cas, à 3 ans, Little 3 ira à Chatsworth comme les grands !
Il existe un moteur de recherche de tous les day care et autres “petites écoles” ici, très pratique. Merci Active mummy pour le lien ! Lire aussi sont billet complet sur le sujet ici.
Bonne rentrée à Little 3!
merci
Très drôle et très mignon… Et il reste encore tant d’occasions de verser une petite larme : spectacles de Noël, de fin d’année… J’avoue, moi j’ai pleuré quand ma petite pris le bus de l’école pour la première fois 😉
j’angoisse déjà pour la rentrée de septembre l’an prochain …. plein de bonheur à little 3 alors !!! bises à vous
Ca m’inspire… faut que je parle du chicken curry de la creche des mes filles – l’incontournable repas du jeudi midi
La “kidfriendliness” spontanée des Singapouriens m’a toujours frappée : dans la rue, les magasins, les restaurants, au marché… Partout les petits ont droit à des sourires, des égards, des petits cadeaux ( au marché de Nilu, j’ai vu Victor se faire saluer par un marchand “Hello Victor! ” , il a suffi qu’il réponde tout jovial, “Hallo uncle” pour se voir offrir une sucette!)
Bravo Juliette pour cette belle réussite de passage en daycare, avec mention ” très craquante”.